Avec 69 millions de personnes nouvellement touchées chaque année dans le monde entier, les traumatismes cérébraux (TCC) sont l’une des principales causes de décès et d’invalidité. Les répercussions qui y sont associées sont donc énormes et passent souvent inaperçues. En effet, les TCC sont souvent qualifiés d’« épidémie silencieuse », car ses symptômes ne sont pas toujours visibles après un accident.
Voici quelques statistiques révélant le nombre de traumatismes crâniens et cérébraux dans le monde :
- Au Royaume-Uni, environ 1,3 million de personnes vivent avec un handicap en raison d’un traumatisme crânien;
- Aux États-Unis, on recense 1,5 million de cas de TCC chaque année et environ 5,3 millions de personnes vivant avec un handicap lié à un TCC;
- En Europe, on estime que 6,3 millions de personnes vivent avec un handicap lié à un TCC;
- Dans le monde entier, on dénombre 4,7 millions de décès liés à un TCC chaque année, parmi lesquels on estime que 90 % surviendraient dans un pays à revenu faible ou intermédiaire.
Bien que révélatrices, même ces statistiques ne suffisent pas à montrer les conséquences moins mesurables et plus profondes des traumatismes crâniens dans la vie quotidienne des patient·e·s. Nous examinons ci-dessous les différents types de traumatismes crâniens et cérébraux, leurs répercussions sur les différentes populations de patient·e·s, ainsi que le rôle du traitement et du diagnostic dans l’amélioration des résultats.
Les effets des TCC sur les fonctions cognitives et la santé mentale, entre autres
Les TCC sont généralement divisés en deux catégories : les traumatismes fermés et les traumatismes pénétrants. Ils peuvent aussi être légers, modérés ou sévères. Les TCC légers consistent généralement en une perte de mémoire et un état de confusion mentale durant moins de 24 heures. Quant aux TCC modérés et sévères, les symptômes perdurent pendant plus longtemps et peuvent causer nettement plus de dommages, surtout dans le cas d’un traumatisme pénétrant. Les types les plus communs de TCC sont les commotions cérébrales. Celles-ci sont souvent le résultat de blessures causées pendant la pratique d’un sport.
En fonction de la zone touchée, les lésions cérébrales peuvent entraîner des conséquences imprévisibles. Plus de 50 % des gens affirment avoir encore des fonctions cognitives limitées six mois après l’apparition d’un TCC léger.
Parmi les répercussions engendrées par un traumatisme crânien, on compte :
- Une amnésie post-traumatique : l’amnésie post-traumatique, soit la perte de mémoire à la suite d’un TTC, peut durer de quelques minutes à plusieurs mois. Dans la majorité des cas, ces personnes n’arriveront plus à se souvenir de l’événement traumatique ou auront de la difficulté à créer de nouveaux souvenirs.
- Des troubles de l’attention : les troubles de l’attention sont les troubles cognitifs les plus communs après un TCC. Les difficultés de concentration et d’attention peuvent se manifester par de l’agitation ou une incapacité à mener de longues conversations et à accomplir des tâches.
- Une aphasie : les patient·e·s peuvent présenter des lésions cérébrales qui affectent leur capacité à comprendre ce qu’on leur dit ou à parler. L’aphasie peut être passagère ou permanente en fonction de la gravité du TCC.
- Des troubles psychiatriques : des études ont montré un taux élevé de dépression majeure chez les personnes ayant survécu à un TTC, ainsi qu’une prévalence plus élevée que la moyenne de la manie et du stress post-traumatique.
Les traumatismes crâniens chez les populations vulnérables
En plus de leurs répercussions immédiates sur la concentration, la mémoire et l’humeur, les traumatismes crâniens peuvent altérer le développement du cerveau. Cette altération peut avoir de profondes conséquences sur les enfants et les adolescent·e·s, car leur cerveau est encore en développement. Par exemple, les commotions cérébrales peuvent entraîner un retard scolaire, un isolement social et des changements comportementaux chez les enfants et les adolescent·e·s. Les conséquences peuvent être encore plus désastreuses pour les enfants qui présentaient déjà des troubles de l’apprentissage ou du développement avant le TCC, ainsi que pour ceux et celles ayant subi une deuxième commotion cérébrale alors qu’ils ou elles ne s’étaient pas encore complètement remis·e·s de la première. Alors que la plupart des enfants se remettent complètement d’une commotion en un à trois mois, le rétablissement peut être plus long pour d’autres. Il arrive également que certain·e·s enfants conservent des séquelles cognitives à long terme.
Les traumatismes crâniens arrivent aussi fréquemment chez les personnes âgées, qui sont plus à risque de subir des blessures graves après une chute ou un accident. C’est chez les personnes de 75 ans et plus que l’on retrouve le plus fort taux d’hospitalisation et de décès causés par un TCC. Les personnes âgées qui prennent des fluidifiants du sang, y compris des anticoagulants et des antiplaquettaires, sont plus à risque de faire l’objet d’une hémorragie cérébrale après avoir subi un traumatisme crânien. Il est donc essentiel de pouvoir diagnostiquer rapidement un TTC. Toutefois, il n’est pas rare que les traumatismes crâniens soient mal diagnostiqués chez ces personnes. En effet, les symptômes tels que la confusion et la perte de mémoire se recoupent souvent avec ceux de maladies comme la démence et l’Alzheimer. Un dépistage des troubles cognitifs est ainsi un outil pratique pour les professionnel·le·s de la santé qui évaluent des patient·e·s âgé·e·s susceptibles de souffrir d’un traumatisme crânien, que ces personnes aient d’autres troubles cognitifs ou non.
L’utilisation du MoCA pour les traumatismes crâniens
Les traumatismes crâniens peuvent avoir de sérieuses répercussions sur les personnes jeunes et âgées. Lorsque les professionnel·le·s de la santé travaillent auprès de personnes ayant subi un traumatisme crânien, il est important de prêter attention aux symptômes cognitifs immédiats et différés afin d’apporter à ces personnes l’aide dont elles ont besoin le plus rapidement possible.
Des recherches indiquent que 56 % à 89 % des cas de TCC léger ne sont pas diagnostiqués ou sont mal diagnostiqués. Par conséquent, cela a aussi des répercussions sur la gestion clinique des patient·e·s. S’ils ne sont pas pris en charge, les traumatismes crâniens peuvent mener à une hémorragie cérébrale ou à des problèmes de mémoire et de concentration que l’on appelle syndrome post-commotionnel.
Le dépistage des troubles cognitifs à l’aide du MoCA peut aider les médecins à évaluer leurs patient·e·s avec précision à la suite d’un événement traumatique.
Les études examinées par les pairs ci-dessous ont validé l’efficacité du MoCA pour le dépistage des personnes ayant des degrés divers de TCC :
- « Le [MoCA] est un outil fiable pour détecter les troubles cognitifs chez les personnes ayant subi un TCC léger et pour distinguer les troubles cognitifs des TCC allant de légers à sévères. » Dans ce mini passage en revue du MoCA, l’équipe de recherche a trouvé que le test de dépistage est facile à administrer, utile pour le dépistage dans un cadre ambulatoire et fiable pour identifier les troubles cognitifs chez les personnes ayant subi un TCC léger et distinguer les troubles cognitifs des TCC légers à sévères.1
- « Les résultats ont montré que les personnes avec un TCC sévère obtenaient des résultats inférieurs au MoCA que celles ayant un TCC léger ou modéré. Ces informations peuvent permettre aux médecins de prédire les troubles cognitifs précoces et de planifier la remédiation cognitive tôt dans le processus de rétablissement. » Pour étudier les performances des personnes souffrant d’un TCC via le MoCA, l’équipe de recherche a comparé les résultats des personnes souffrant d’un TCC sévère à ceux des personnes souffrant d’un TCC léger ou modéré. Elle a découvert que les personnes avec un TCC sévère ont obtenu des résultats plus faibles, ce qui souligne l’utilité des applications cliniques du MoCA.2
- « Lors du dépistage des troubles cognitifs à la suite d’un TCC, le MoCA a tendance à être plus sensible que le MMSE. » Dans le cadre de cette étude, l’équipe de recherche a comparé la sensibilité du MoCA à celle du MMSE chez les patient·e·s souffrant de TCC chronique. L’équipe a trouvé que le MoCA était plus sensible que le MMSE pour identifier les troubles cognitifs chez cette population.3
- « Le MoCA peut être utilisé dans un cadre clinique pour dépister avec précision les troubles cognitifs à la suite d’un TCC. » Les chercheur·euse·s ont évalué l’efficacité du MoCA pour le dépistage des troubles cognitifs à début précoce chez les survivant·e·s d’un TCC léger. L’équipe a découvert que les personnes souffrant d’un TCC avec complications obtenaient des résultats beaucoup plus bas que celles souffrant d’un TCC sans complications. Ces résultats indiquent que le MoCA peut être utilisé pour dépister cette population de patient·e·s.4
- « Dans le contexte clinique approprié, le dépistage des troubles cognitifs à l’aide du MoCA peut être bénéfique pour les soins cliniques chez les athlètes ayant déjà subi plusieurs commotions cérébrales liées au sport (CCS). » Cette étude a examiné les répercussions des commotions cérébrales liées au sport (CCS) sur les fonctions cognitives des athlètes en utilisant le MoCA comme méthode d’évaluation. L’étude a révélé que les résultats obtenus au MoCA diminuaient chez les athlètes ayant des antécédents de commotions cérébrales multiples, ce qui montre l’utilité du test dans la prise en charge de cette population de patient·e·s.5
L’épidémie silencieuse se poursuivant, il est essentiel pour les médecins de continuer de prêter attention aux symptômes latents des traumatismes crâniens et cérébraux. Apprenez-en plus sur le MoCA et le contenu de nos tests adaptés dans plus de 100 langues et dialectes pour dépister les traumatismes crâniens, ainsi qu’un certain nombre d’autres problèmes de santé et maladies.
Références : https://www.mocatest.org/fr/reference/
1 Mishra K, Purohit D, Sharma S, Gonçalves MVM. Montreal cognitive Assessment Score: A Screening Tool for Cognitive Function in Traumatic Brain Injury (TBI) Population. J Neurol Neuromedicine (2020) 5(3): 35-39
2 Elaine de Guise, Abdulrahman Yaqub Alturki, Joanne LeBlanc, Marie-Claude Champoux, Céline Couturier, Julie Lamoureux, Monique Desjardins, Judith Marcoux, Mohammed Maleki & Mitra Feyz (2014) The Montreal Cognitive Assessment in Persons with Traumatic Brain Injury, Applied Neuropsychology: Adult, 21:2, 128-135, DOI: 10.1080/09084282.2013.778260
3 Zhang H, Zhang XN, Zhang HL, Huang L, Chi QQ, Zhang X, Yun XP. Differences in cognitive profiles between traumatic brain injury and stroke: A comparison of the Montreal Cognitive Assessment and Mini-Mental State Examination. Chin J Traumatol. 2016 Oct 1;19(5):271-274. doi: 10.1016/j.cjtee.2015.03.007. PMID: 27780506; PMCID: PMC5068208.
4 Frenette LC, Tinawi S, Correa JA, Alturki AY, LeBlanc J, Feyz M, de Guise E. Early detection of cognitive impairments with the Montreal Cognitive Assessment in patients with uncomplicated and complicated mild traumatic brain injury. Brain Inj. 2018 Nov 2:1-9. doi: 10.1080/02699052.2018.1542506. Epub ahead of print. PMID: 30388898.
5 Debert CT, Stilling J, Wang M, Sajobi T, Kowalski K, Benson BW, Yeates K, Dukelow SP. The Montreal Cognitive Assessment as a Cognitive Screening Tool in Athletes. Can J Neurol Sci. 2019 May;46(3):311-318. doi: 10.1017/cjn.2019.18. PMID: 31084666.